Desanti occupe une place particulière dans le tableau de la philosophie française de la seconde moitié du XXe siècle. Dans l’histoire de la réception de la phénoménologie husserlienne en France, qu'il a soumise à une critique radicale d'un point de vue marxien ; dans celle de l'épistémologie des mathé-matiques, en donnant dans Les Idéalités mathématiques une analyse épis-témologique interne de la théorie des fonctions de variables réelles, puis des textes affirmant le polymorphisme historique des matheseis ; enfin, dans celle du marxisme français, en livrant dans Un destin philosophique une critique du dispositif idéologique de capture des esprits par une croyance collective.
Comment ressaisir l'unité d'une telle pensée ? Son épistémologie des mathématiques est-elle phénoménologique, matérialiste ou dialectique ? Sa critique de la phénoménologie conduit-elle à refuser toute phénoménologie au profit d'une position matérialiste ? Y a-t-il un sens unitaire de la raison ou seu-lement des rationalités locales et plurielles ? Comment rendre raison du temps, de l'Autre ou d'une autre pensée ? « Il faut toujours rester au brouillon, c’est-à-dire toujours recommencer, ne jamais laisser les choses en l’état où elles semblent être achevées », écrit Desanti dans « Fonctions de la philoso-phie aujourd'hui » ici publié ; doit-on se contenter de cet inachèvement, ou peut-on dégager chez lui un ensemble de thèses philosophiques ?
Avec les contributions de : YPierre Cassou-Noguès, Jacques Dubucs, Vincent Gérard, Pierre-François Moreau, André Pessel, Dominique Pradelle, Marc Richir, Élisabeth Rigal, Jean-Michel Salanskis, François-David Sebbah.